Il est incontestable : les agriculteur.e.s doivent pouvoir vivre du fruit de leur travail, travail qui consiste essentiellement à cultiver la terre et produire des aliments. Donc une activité qui devrait leur procurer des revenus qui reflètent idéalement leurs véritables investissements et engagement. Ceci inclut avoir recours aux meilleurs moyens techniques. Les meilleurs moyens techniques sont ceux qui permettent de combiner efficacité et respect durable de l’environnement.
Les cultivateur.e.s se servent de machines agricoles dont l’évolution a fait qu’au fil des années, la taille des engins exige toujours plus de puissance. Or et à l’image des voitures, bus et camions, les moteurs aux carburants fossiles des tracteurs et autres machines agricoles seront obsolètes et remplacées par des moteurs électriques Certains posséderont même deux moteurs séparés, un pour l’entraînement, l’autre pour l’hydraulique. Leur développement connaîtra une vraie croissance comme en témoigne leur essor dans le secteur viticole.
Cette évolution en combinaison avec les nouvelles voies qu’ouvre la loi concernant l’autoconsommation, permettra aux agriculteurs de profiter de l’approvisionnement par les sources d’énergies renouvelables, notamment le photovoltaïque. Un bon nombre de toitures d’étables, de granges et d’autres dépôts sont déjà couverts depuis de nombreuses années par des panneaux solaires. Chez certains, la garantie des tarifs de rachat touche à sa fin. Profiter alors de ces installations qui continuent à produire de l’électricité et ses usages multiples, permettra de charger les engins mobiles et alimenter les appareils tel que pompe à lisier, machine à traire, etc. inhérents à l’exploitation agricole.
Le potentiel d’exploitation de toitures agricoles est loin d’être épuisé, non seulement en nombre de toitures couvertes par du photovoltaïque, mais également en ce qui concerne le dimensionnement des lignes : souvent des fermes, écuries ou granges isolées sont équipées de simples lignes de dérivation. La faible consommation d’énergie de ces fermes a alors été le paramètre principal pour le dimensionnement de ces lignes électriques. Cependant, ce sont précisément de tels bâtiments qui ont souvent un grand potentiel „photovoltaïque“ dont on ne profite que de manière limitée voire pas du tout, justement à cause des lignes de dérivation. Leur raccordement bidirectionnel au réseau, en combinaison avec des systèmes de stockage intégrés, permet de maintenir en équilibre le réseau, notamment en injectant en différé l’électricité photovoltaïque produite sur ses surfaces dans le réseau. Par ailleurs, le producteur d’électricité profite financièrement aussi de cette réorientation de la mise à disposition de l’énergie.
Dans ce même ordre d’idées, de nouvelles pistes méritent d’être analysées dans la conciliation du travail agricole et de la production d’énergie solaire sur les surfaces non-scellées. On peut s’imaginer l’installation verticale de panneaux bi-faciaux, en guise de clôture, ne gênant guère le travail et protégeant le bétail, ou bien l’effet protecteur des terres par l’installation de panneaux parasol, contribuant à la prévention du dessèchement des terres, et en hauteur, permettant l’exploitation paysanne. Des essais à l’étranger semblent prometteur. Eurosolar Lëtzebuerg se dit disposé à participer à un projet au Luxembourg afin d’en évaluer les effets pécuniaires, d’exploitation et biologique, pour le plus grand bien de la transition énergétique.
Paul Zens, président Eurosolar Lëtzebuerg asbl